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Pimco a-t-il mangé son pain blanc ?

Les mauvaises nouvelles s’accumulent pour le géant mondial de la gestion obligataire (1 920 milliards de dollars d’actifs sous gestion au 31/12/2013) qui tente, tant bien que mal de réagir, en diversifiant ses activités.

La firme basée à Newport Beach en Californie et fondée en 1971 par l’emblématique William H. Gross, gourou des marchés obligataires, est en train de voir s’envoler une partie de ses actifs sous gestion. Une bien mauvaise nouvelle pour sa maison mère allemande depuis l’an 2000, le groupe d’assurance Allianz SE.

L’an dernier, le gestionnaire américain a dû faire face à des retraits massifs, de plus de 30 milliards de dollars, alors sa collecte avait atteint près de 62,70 milliards en 2012.

Actuellement, les marchés obligataires - qui constituent son fonds de commerce - procurent non seulement des rendements faibles mais restent surtout vulnérables à une éventuelle remontée des taux d’intérêt. Mais, au-delà de ce contexte peu favorable, les investisseurs ont notamment été déçus par les performances de son fonds obligataire vedette, le Pimco Total Return Fund, un mastodonte pesant aujourd’hui près de 238 milliards de dollars. En effet, en 2013, le flagship de la firme californienne a enregistré une performance annuelle de -2,30% (cf tableau 1), en retrait vis-à-vis des indices obligataires Barclays U.S. Aggregate Index (-2.02%) et Lipper Core Plus Bond Funds (-0,99%) mais aussi par rapport à 74% des fonds concurrents appartenant à la même catégorie, d’après Morningstar Inc.

Tableau 1 : Performance du fonds Pimco Total Return

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Toutefois, depuis son lancement en 1987, le track record du Pimco Total Return reste impressionnant, avec une valeur liquidative (« NAV - Net Asset Value ») affichant un rendement actuariel de 7.46% sur la période (cf graphique 1 ci-dessous), soit une surperformance par rapport aux indices Barclays U.S. Aggregate Index (+6.88%) et Lipper Core Plus Bond Funds (+6.38%). Pourtant, les investisseurs semblent aujourd’hui lui préférer des fonds obligataires non traditionnels, qui peuvent notamment investir sur un spectre plus large de marchés, sans contrainte de benchmark, à l’image des fonds BlackRock Strategic Income Fund et Goldman Sachs Strategic Income Fund par exemple, en hausse, l’an dernier, respectivement de +3% et +6%. D’ailleurs, en 2013, ces deux produits ont réussi à collecter près de 10 milliards de dollars en dépit d’un environnement peu porteur puisque les investisseurs ont retiré au total, près de 86 milliards de dollars sur les fonds obligataires, d’après la société americaine de recherche TrimTabs.

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Cependant, pour Pimco, les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas. En effet, en début d’année, le géant de la gestion obligataire a crée la surprise en annoncant la demission de son directeur général, arrivé en 1999, Mohamed El Erian, pressenti jusqu’alors comme le successeur désigné de Bill Gross, aujourd’hui agé de 69 ans.

Cette demission, effective à compter de la mi-mars 2014, suscite des interrogations. En effet, faute d’explication officielle donnée par Pimco, les rumeurs vont bon train, malgré le remplacement de Mohamed El Erian par Douglas Hodge, l’actuel directeur des opérations.

Quoi qu’il en soit ce départ n’arrange pas les affaires de Pimco, déjà pénalisé par un environnement difficile. D’ailleurs, c’est ce que semblent penser les investisseurs qui ont sanctionné, en Bourse, l’action Allianz SE, à l’annonce de cette demission surprise.

Pris à revers sur les marchés obligataires - son terrain de prédilection - le géant californien a besoin de réagir, en diversifiant ses activités de gestion sur d’autres classes d’actifs comme le déclare Jeff Tjornehoj, responsable de la recherche pour Lipper Inc aux Etats-Unis. C’est d’ailleurs ce qui a été initié pour Pimco dès 2009, à travers le lancement de plusieurs fonds actions qui n’ont pas rencontré le succès escompté jusqu’à présent. Une raison qui explique sans doute, le recrutement, au début de cette année, d’une spécialiste française de la gestion actions, en provenance de Schroders - Virginie Maisonneuve - afin de prendre en charge cette activité au sein du groupe.

Reste maintenant à savoir si, dans les années à venir, Pimco parviendra à être moins dépendant des tribulations des marchés obligataires.

RF , Février 2014

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