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Les cinq hommes les plus riches du monde ont plus que doublé leur fortune depuis 2020 tandis que la fortune cumulée de près de cinq milliards de personnes a baissé

En France, entre 2019 et 2022, la richesse cumulée de 90% des Français a baissé de 3,9% pendant que la fortune cumulée de 4 milliardaires français a augmenté de 87% entre 2020 et 2023.

Le nouveau rapport d’Oxfam « Multinationales et inégalités multiples » publié aujourd’hui révèle que la fortune des cinq hommes les plus riches du monde a plus que doublé depuis 2020, passant de 405 milliards de dollars à 869 milliards de dollars, ce qui représente une augmentation de 14 millions de dollars par heure. Dans le même temps, la richesse cumulée de cinq milliards de personnes a baissé.

En France, entre 2019 et 2022, la richesse cumulée de 90% des Français a baissé de 3,9% pendant que la fortune cumulée de 4 milliardaires français a augmenté de 87% entre 2020 et 2023. Elle a même baissé de plus de 15 % pour le groupe des 30% les plus pauvres.

En France et dans le monde, les milliardaires continuent de s’enrichir grâce aux multinationales

En seulement 3 ans, le monde a connu une pandémie mondiale, la guerre en Ukraine, une crise du pouvoir d’achat et une accélération de la crise climatique. Chacune de ces crises a creusé le fossé entre les ultra-riches milliardaires et la vaste majorité des populations.

La montée en flèche des richesses extrêmes s’est consolidée ces trois dernières années tandis que le niveau de pauvreté dans le monde est toujours le même qu’avant la pandémie. La fortune des milliardaires a augmenté de 3 300 milliards de dollars depuis 2020, à une vitesse trois fois plus rapide que celle de l’inflation.

Le rapport d’Oxfam « Multinationales et inégalités multiples » publié aujourd’hui révèle que la fortune des cinq hommes les plus riches du monde a plus que doublé depuis 2020, passant de 405 milliards de dollars à 869 milliards de dollars, ce qui représente une augmentation de 14 millions de dollars par heure. Dans le même temps, la richesse cumulée de cinq milliards de personnes dans le monde a baissé.

Si cette tendance se poursuit, nous pourrions voir dans près de 10 ans la fortune d’un trilliardaire franchir pour la première fois le cap des 1 000 milliards de dollars, alors qu’il faudra encore 230 ans pour éradiquer la pauvreté.

Et en France ?

En France aussi les inégalités se creusent. Les 4 premiers milliardaires français (Bernard Arnault et sa famille, François Bettencourt Meyers et sa famille ainsi que Gérard Wertheimer et Alain Wertheimer) ont vu leur fortune augmenter de 87% depuis 2020. Sur la même période, les 42 milliardaires français ont gagné 230 milliards d’euros, soit un chèque de 3 400 euros pour chaque Français.

Dans le même temps, les Français les plus précaires subissent l’inflation de plein fouet et de plus en plus de Français de classes moyennes éprouvent un sentiment de déclassement accentué par la perte de pouvoir d’achat et des services publics dégradés et saturés.

Pour Alexandre Poidatz, Responsable de la campagne « Climat et inégalités » : « Il faut impérativement qu’Emmanuel Macron change de logiciel. Les étudiants font la queue dans les banques alimentaires et n’arrivent pas à se loger, les Restos du Coeur refusent des bénéficiaires pour la première fois cet hiver mais les milliardaires, eux, prospèrent. Ces inégalités ne sont pas le fruit du hasard. Les milliardaires veillent à ce que les multinationales contribuent avant tout à leur propre enrichissement, au détriment du reste de la population. »

« En ce début de nouvelle année, au lieu de donner rendez-vous aux Français, Emmanuel Macron ferait mieux de donner rendez-vous aux ultra-riches et aux multinationales et de faire en sorte qu’ils paient leur juste part d’impôt et contribuent à financer les services publics et la transformation écologique. »

Milliardaires et multinationales : un cocktail explosif

Depuis début 2020, l’accroissement de la fortune des milliardaires et les superprofits des multinationales sont intrinsèquement liés. Les superprofits sont très majoritairement utilisés pour rémunérer les actionnaires, aux dépens des travailleurs et de la planète.

Sept des dix plus grandes entreprises mondiales ont un·e PDG milliardaire ou un·e milliardaire comme actionnaire principal. 148 des plus grandes entreprises ont réalisé 1 800 milliards de dollars de bénéfices cumulés, ce qui représente une hausse de 52 % par rapport aux bénéfices moyens des trois dernières années. Elles ont redistribué des bénéfices records à leurs riches actionnaires, alors que des centaines de millions de personnes sont confrontées à une baisse de leur salaire réel.

L’actionnariat est particulièrement avantageux pour les plus riches. Les 1 % les plus riches détiennent 48 % de tous les actifs financiers mondiaux. Dans les pays du Moyen-Orient, les 1 % les plus riches détiennent 48 % du patrimoine financier de la région. Cette part est de 50 % en Asie et de 47 % en Europe.

Tout comme les ultra-riches, les grandes entreprises devraient réaliser en 2023 des bénéfices annuels qui pulvériseront tous les records. Leurs superprofits ont bondi à près de 700 milliards de dollars. D’après le rapport d’Oxfam, pour chaque tranche de 100 dollars de bénéfices générés par 96 grandes entreprises entre juillet 2022 et juin 2023, 82 dollars ont été reversés aux riches actionnaires.

Les milliardaires utilisent leur richesse pour asseoir et conforter leur influence politique, en particulier via leur emprise sur les médias et leurs relations avec les hautes sphères de l’Etat. Ainsi, la concentration extrême des richesses entre les mains de quelques-uns est utilisée pour défendre le statu quo économique.

Pour Alexandre Poidatz : « Quand les milliardaires commencent à étendre leur influence en rachetant des médias - c’est notamment le cas de Vincent Bolloré, Bernard Arnault, Rodolphe Saadé - ils achètent aussi un pouvoir qui fragilise nos démocraties. Aucune entreprise ni individu ne devrait avoir autant de pouvoir sur nos économies et nos vies. ».
« La concentration des médias est d’autant plus dangereuse que certains milliardaires, comme Vincent Bolloré, en font une arme idéologique au service de l’extrême droite et ses thèses xénophobes et réactionnaires. »

Réduire le fossé entre les ultra-riches et le reste de la société

Oxfam appelle les Gouvernements à réduire rapidement et radicalement le fossé entre les ultra-riches et le reste de la société grâce à un État plus protecteur et régulateur :

1) Augmenter les impôts sur les ultra-riches

Oxfam estime qu’un impôt sur la fortune pour les multimillionnaires et les milliardaires du monde entier pourrait rapporter 1 800 milliards de dollars par an.

Plus précisément, Oxfam France formule une série de recommandations fiscales qui permettraient de dégager 88 milliards d’euros par an, tout en préservant le pouvoir d’achat de 70% des Français, dont :
=> Un impôt sur la fortune climatique pour les multimillionnaires et les milliardaires : Il s’agit de taxer, d’une part, le niveau de patrimoine (la taille de la fortune), et d’autre part, la quantité de CO2 qu’il contient (son impact sur le climat).

2) Réguler les multinationales

  • Encadrer la part des bénéfices versés aux actionnaires
  • Conditionner les aides publiques aux entreprises aux investissements dans la transition
  • Imposer un écart de rémunération de 1 à 20 entre le salaire du dirigeant et le salaire médian de l’entreprise.

Pour Alexandre Poidatz : « Le vrai remaniement attendu par les Français en ce début d’année, c’est celui d’un remaniement de la fiscalité. Il est absolument nécessaire de faire peser l’effort supplémentaire sur les multimillionaires et les milliardaires, qui s’enrichissent. Sinon le poids de la transition et de l’inflation continuera de reposer sur les plus pauvres : une bombe sociale à retardement. ».

Next Finance , 15 janvier

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