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Le temps des bilans et des perspectives…

C’est à cette époque de l’année que les stratégistes de marché présentent leurs perspectives pour l’année à venir. En général ils ne s’attardent pas sur les événements survenus depuis leur dernière publication, peut-être par peur d’être confrontés à leurs propres erreurs de jugement.

Toute personne côtoyant les marchés depuis plus ou moins longtemps le sait pourtant bien : les erreurs sont inévitables, des événements imprévisibles ne cessant de perturber le sentiment du marché et de façonner les rendements. Retour sur les perspectives de ce début d’année et ce qui s’est réellement passé.

Croissance économique : Les marchés prévoyaient, pour la troisième année consécutive, une amélioration de la croissance économique menée par la Chine et les Etats-Unis. Peu de changements étaient attendus en Europe et personne n’accordait d’importance à l’effet des « Abenomics » sur l’économie japonaise.

Or, ce qui s’est réellement passé en 2013 contredit quasiment toutes les prévisions. Les Etats-Unis et la Chine ont déçu une fois de plus. Les prévisions pour l’Europe étaient quant à elles, plus réalistes. La croissance a fait son retour au cours des six derniers mois, mais à dose homéopathique. En revanche, aucun analyste n’avait prévu le retournement de situation survenu au Japon.

Politique : Les prévisions du marché étaient correctes en annonçant que l’année 2013 serait moins perturbée. Nous avons bien évidemment dû faire face à des événements difficiles, tels que le défaut de paiement de Chypre et la guerre civile en Syrie, mais dans l’ensemble les problèmes politiques ont été relégués au second plan. Ceci étant dit, les questions d’ordre politique continuent de prendre de l’importance. La tentative de rajeunissement du Japon menée par le premier ministre Shinzo Abe représente un projet politique considérable. De plus, les principales banques centrales du monde entier perturbent de façon systématique les mécanismes de marché avec leurs tentatives d’assouplissement monétaire.

Flux monétaires : La majorité des analystes prévoyaient en début d’année que les obligations continueraient de capter des flux d’investissement importants, comme c’est le cas depuis 2009. Quelques analystes ont évoqué la possibilité d’une « grande rotation » des obligations vers les actions mais tous s’accordaient à dire qu’un tel rééquilibrage ne surviendrait pas immédiatement. Ces analystes audacieux ont en fin de compte été récompensés pour leur témérité. Si au cours des six premiers mois les obligations tout comme les actions ont enregistré des flux d’investissement importants la situation s’est bien inversée depuis. Les investissements sur les obligations se sont en effet réduits considérablement alors que les portefeuilles actions ont proliféré.

Marchés : Il y a tout juste un an personne ne voulait entendre parler des actions européennes. Les actions US étaient au top et celles des marchés émergents n’étaient pas loin derrière. Quelques investisseurs macro avaient bien vu que quelque chose se tramait au Japon mais ils n’y ont guère prêté attention. Les obligations étaient aussi attractives que les actions et représentaient un meilleur investissement une fois ajustées au risque.

Le verdict ? Une fois de plus, certains stratégistes avaient raison et d’autres avaient tort. Leurs prévisions étaient correctes en ce qui concerne le marché actions US, qui a réalisé sur l’année de bien meilleurs résultats que la plupart des autres régions. Ils se sont complètement trompés sur le Japon, qui a été la révélation de 2013. Leurs prévisions étaient également incorrectes pour ce qui est des marchés émergents. Ces derniers ont continué de sous-performer et, au vu des résultats actuels, termineront l’année en baisse. En ce qui concerne les obligations, l’humeur a changé mais en fin de compte, elles n’ont pas obtenu de trop mauvais résultats (pour le moment).

Tout un ensemble de facteurs peut permettre d’expliquer pourquoi les choses ne se sont pas passées comme prévu mais l’essentiel tient en un mot : « tapering ». Les marchés suivaient les prévisions jusqu’à ce que la Réserve Fédérale américaine annonce au cours du mois de juin qu’elle envisageait de réduire son programme d’assouplissement quantitatif. Cette annonce a fortement perturbé les marchés obligataires et la tendance ne s’est pas encore totalement inversée. Cet événement inattendu semble avoir entamé la confiance des investisseurs envers les obligations, et a contribué à renforcer l’appétit envers les actions.

Dans l’ensemble, l’année fut bonne pour les investisseurs.

Il est toutefois surprenant que le sentiment envers les marchés ne se soit renforcé qu’au cours de la deuxième partie de l’année alors que la plupart des portefeuilles d’actifs diversifiés avaient culminé en mai. Des fortes pertes ont été compensées mais la plupart des investisseurs auraient dû ne pas se désinvestir à la fin du mois de mai, mais plutôt continuer d’avoir des positions risquées tout au long de l’année. Le marché des actions avec ses plus hauts niveaux historiques, ses gains immédiats et sa croissance à long-terme, semble une fois de plus avoir su attirer les investisseurs. Aux vues des défis qui nous attendent sur le long-terme, mieux vaut toutefois ne pas trop s’emballer.

Patricia Kaveh , Janvier 2014

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