Le marché des actions chinoises à un tournant

Le marché des actions chinoises sort de trois années difficiles. Mais avec le nouveau gouvernement, le scepticisme des investisseurs s’est mué en un optimisme prudent et les indicateurs affichent des signes de croissance durable.

Le choix du nouvel homme fort chinois Xi Jinping, en novembre 2012, n’a pas surpris : le changement avait été préparé de longue date. La question souvent posée, consistant à savoir si cette nouvelle génération de dirigeants est aujourd’hui prête à des réformes structurelles ouvrant une nouvelle ère pour le pays, n’a pas lieu d’être. Au regard de la crise financière lancinante dans les pays occidentaux, les décideurs n’ont tout simplement pas d’autre choix que de réorienter de plus en plus fortement l’économie vers la demande intérieure.

Le mythe du commerce extérieur chinois

Au cours des deux dernières années, le gouvernement sortant de Hu Jintao a posé les jalons des réformes. En 2011 déjà, le premier apport à la croissance du PIB était la consommation, suivie par les investissements. Parallèlement, le commerce extérieur a cédé du terrain, contredisant la thèse souvent avancée selon laquelle la croissance économique chinoise reposerait sur les exportations. Et la tendance s’est confirmée au cours des trois premiers trimestres de 2012. Durant cette période, la consommation a gagné 4,2% et les investissements 3,9%, tandis que les exportations nettes ont coûté 0,4% à la croissance. Au final, il en est résulté une expansion de 7,7%.

Abandon de la croissance à tout prix

Le nouveau gouvernement souhaite maintenir le cap suivi. Le nouveau secrétaire général Xi Jinping a donc mis l’accent sur la durabilité et la stabilité de la politique macroéconomique, comme il l’a annoncé dans le cadre de la conférence de travail sur l’économie de décembre dernier. Auparavant, cette manifestation soulignait plutôt l’importance d’une croissance continue et relativement élevée. La transformation de l’économie vers une croissance plus qualitative doit notamment passer par l’innovation et les réformes. Dans cette optique, l’urbanisation doit jouer un rôle central : des millions de travailleurs venus de provinces éloignées doivent obtenir la possibilité de s’installer dans les villes. Cela comblerait une lacune sociale, car dans les régions urbaines, de nombreuses prestations sociales ne sont octroyées qu’aux résidents locaux.

De l’eau potable au lieu de ponts courbés

Un autre pilier central de la nouvelle politique de croissance réside dans l’utilisation plus ciblée des fonds gouvernementaux pour les projets d’infrastructure. Les dirigeants ont retenu les leçons tirées de 2008, lorsque le gouvernement avait stimulé l’économie par un programme conjoncturel considérable tout en entraînant une bulle de spéculation et de crédit. Ils veulent donc moins investir, mais de manière plus ciblée. Xi Jinping tient surtout à ralentir la construction de bâtiments de prestige dans les villes et à mettre davantage l’accent sur les espaces de vie. En un mot : moins de ponts gigantesques tels que la structure courbée de Qingdao, qui est le plus long pont marin au monde, mais par exemple plus de projets pour l’approvisionnement en eau, car 300 millions de Chinois n’ont encore pas d’accès direct à l’eau potable.

Moins de croissance, mais dans une optique plus durable

Le nouvel organe de direction semble donc accepter une expansion plus lente, au profit d’une plus grande qualité et d’un accent plus marqué sur la demande intérieure. Contrairement à ce qu’indiquent de nombreux médias occidentaux, la Chine ne doit pas stimuler sa consommation, qui tourne déjà à plein régime comme le montrent les taux de croissance à deux chiffres qu’affichent depuis des années les ventes du commerce de détail.

En revanche, le gouvernement doit réduire son activité d’investissement. Si la contribution des investissements à la croissance du produit intérieur brut diminue, la part de la consommation finale augmente automatiquement. Toutefois, la conséquence de ces efforts signifie que le potentiel d’expansion va diminuer, passant de 7-8% actuellement à 5-6% ces prochaines années. Il s’agit cependant d’un ajustement structurel, qui ne se répercutera qu’au cours de la décennie à venir.

Le spectre d’un atterrissage brutal est conjuré

Malgré ce ralentissement, la croissance chinoise reste nettement plus élevée que celle des pays occidentaux. Et d’autres avantages structurels demeurent, tels que le taux d’endettement nettement plus faible. En outre, le rééquilibrage de l’économie chinoise en faveur de la consommation intérieure est mis en œuvre de manière extrêmement compétente. Ce qui devrait avoir un impact positif sur l’attrait du marché des actions chinoises : le changement à la tête du pouvoir a été finalisé, la volonté de réforme est visible, la feuille de route économique est définie et le spectre d’un atterrissage brutal de l’économie est conjuré par les dernières statistiques conjoncturelles.

Les investisseurs se réintéressent à la Chine

Les statistiques récentes montrent les premiers signes d’une accélération modérée au sein du mini-cycle économique. Ainsi, les ventes du commerce de détail, la production industrielle, la masse monétaire (M2), les investissements, les prix immobiliers et l’indice officiel des directeurs d’achat ont progressé au cours des trois derniers mois. L’indice HSBC des directeurs d’achat, particulièrement observé, a également grimpé au-delà du seuil de croissance des 50 points au cours du mois dernier, pour la première fois depuis novembre 2011. Et parallèlement, l’inflation est faible et les revenus réels continuent d’afficher une croissance à deux chiffres. Le marché des actions chinoises présente des évaluations bon marché en raison d’un rendement à trois ans peu élevé, tant en comparaison internationale qu’en termes historiques.

Au final, nous décelons donc un certain potentiel de surprises positives en 2013. Cela devrait influencer favorablement le marché, de sorte que de nombreux investisseurs pourraient repartir à la recherche de placements en Chine, d’autant plus que les incertitudes macropolitiques sont nettement plus élevées aux Etats-Unis et en Europe.

Adrian Zürcher , Janvier 2013

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