La Guerre des Bourses n’est pas terminée, elle ne fait que commencer

MiFID va accélerer la consolidation du paysage boursier et dégager une économie de 400 M€ sur la négociation actions pour les investisseurs

Dans une étude réalisée au cours du premier trimestre 2007, le cabinet de conseil en stratégie et en management Sia Conseil évalue les impacts sur le paysage boursier européen de l’application de la directive MIF. Il privilégie un scénario de concentration accélérée du marché de la négociation actions, avec trois ou quatre opérateurs de marché d’ici quatre à cinq ans en Europe. D’autre part, la menace induite par l’émergence de plates-formes alternatives (MTF) va conduire les opérateurs de marché à revoir à la baisse leurs commissions de 20% à 50% selon les pays. Au total, ce sont près de 400 M€ par an qui seront rendus aux investisseurs tout en améliorant l’offre de services grâce notamment à un accès intégré à l’ensemble des places majeures européennes...

En résumé, les conclusions de l’étude s’articulent selon quatre points :

- (i) La désimbrication de la chaîne de valeur et la consécration du modèle horizontal
L’ouverture à la concurrence des lieux d’exécution des opérations sur les marchés d’instruments financiers constitue un des points clés de la réforme MiFID et va servir de catalyseur à une recomposition du secteur en Europe. La validité du modèle « horizontal » (indépendance des activités, type Euronext) se confirme par opposition au modèle dit « vertical » (intégration des activités, type Deutsche Börse), et réduit d’autant plus la force d’attraction des opérateurs de marché historiques, notamment sur les activités de négociation actions.

- (ii) La négociation actions : un marché mature et rentable
Ces dernières années, les opérateurs de marché ont bénéficié de conditions favorables qui ont permis un développement soutenu tant sur le plan des revenus générés que sur la performance des plateformes de négociation utilisées. Selon les pays, leur activité est caractérisée par une marge opérationnelle comprise entre 35 et 55% et des niveaux de commission assez disparates, mais dont la moyenne sur le cash actions se situe aujourd’hui autour de 1 EUR par transaction.

- (iii) Les modalités d’une prochaine reconfiguration du paysage boursier et l’évaluation des impacts financiers
La situation de quasi-monopole au sein de chaque marché n’est ainsi pas tenable sur le long terme. Toutefois, compte tenu des investissements nécessaires dans ce type d’activité, l’hypothèse de l’émergence d’un acteur sans offre préalable sur un autre marché est écartée. Qu’ils soient opérateurs historiques (Euronext, LES, OMX, DBAG...), MTF (Chi-X, Turquoise...) ou bien opérateurs non européens (Nasdaq...), tous ont l’opportunité d’être les acteurs de cette reconfiguration. Les premiers mouvements s’organiseront début 2008 pour aboutir à trois ou quatre opérateurs pan-européens d’ici à 2011 et entraîner une convergence vers un prix d’équilibre des transactions qui atteindra jusqu’à 50% dans certains pays...« Compte tenu de la croissance concommittante des volumes, l’économie globale réalisée par les utilisateurs des marchés est ainsi évaluée à 400 millions d’euros à partir de 2011 », déclare Thomas Rocafull, Directeur Associé au sein du pôle Services Financiers de Sia Conseil.

- (iv) Les bénéfices par acteur
De façon assez mécanique, la baisse des commissions se répercutera sur l’ensemble des utilisateurs des services de négociation. Les acteurs du buy-side (gestionnaires d’actifs, investisseurs individuels ou institutionnels) seront ceux qui en retireront les plus grands bénéfices. Ils s’expriment à la fois en terme financier (baisse des commissions d’utilisation), mais aussi en terme de marchés couverts en Europe (avènement d’un marché pan-européen).
Pour les sociétés cotées, cette nouvelle organisation du marché entraînera de fait une meilleure liquidité de leurs titres ainsi qu’une réduction du coût d’appel aux marchés financiers, et amplifiera le phénomène de « dé-listage » de places alternatives pour concentrer la cotation sur une place principale (constituée par le marché national).

Les enjeux et les impacts de la nouvelle directive MIF vont donc bien au-delà des exigences en matière de relation client ou d’organisation des entreprises d’investissement. Thomas Rocafull estime que « le paysage des marchés financiers dans son ensemble sera conduit à évoluer poursuivant un mouvement entamé depuis plusieurs années et qui a cru atteindre son paroxysme avec le rapprochement NYSE / Euronext en 2006 ».
Ainsi, par les nouvelles opportunités qu’elle offre, la directive MIF servira de réel catalyseur vers une intégration des marchés financiers européens qu’instances européennes et utilisateurs appellent de leurs voeux depuis plusieurs années
...

Next Finance , Avril 2007

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