« Comment concilier allocations stratégique et tactique dans une gestion flexible ? »

La nouvelle réalité boursière se caractérise par une fréquence des évènements de marché plus soutenue, et donc, une volatilité durablement plus élevée. Les gérants d’actifs peuvent s’y adapter, en intégrant, dans une gestion flexible, un équilibre permanent associant allocation stratégique et allocation tactique...

Depuis deux longues années, la configuration inédite des marchés boursiers désarçonne les investisseurs, confrontés de façon abrupte à un environnement économique mondial en totale mutation. La plupart des pays développés réalisent que leur modèle économique, social et budgétaire est aujourd’hui à bout de souffle. Plusieurs décennies d’une croissance entretenue artificiellement par l’endettement ont plongé les finances de ces pays dans le rouge et ont sensiblement érodé leur compétitivité. En Europe, la nécessité d’engager le désendettement passe par des plans d’austérité budgétaire et des réformes sociales d’envergure, d’autant plus difficiles à imposer qu’ils enterrent définitivement les standards des Trente Glorieuses auxquels les agents économiques avaient fini par s’habituer déraisonnablement. Aux Etats-Unis, la crise financière est sensiblement équivalente, l’endettement des ménages en plus. Mais à l’inverse de la zone euro, les Etats-Unis continuent de stimuler leur économie par des plans de relance publics et surtout par la création monétaire, retardant volontairement la mise en place des réformes budgétaires. De leur côté, les pays émergents doivent s’assurer une croissance durable en négociant la délicate transition d’une économie fondée sur les investissements et les exportations, vers une économie reposant sur la consommation domestique des nouvelles classes moyennes.

Ces ruptures simultanées d’ordre structurel, impactent assez logiquement le comportement des marchés d’actions. Les investisseurs doivent s’accommoder de niveaux de volatilité rarement égalés, d’évènements de marchés plus rapprochés et de cycles boursiers bien plus courts. En témoignent les niveaux de volatilité durablement élevés constatés sur les marchés, ce qui reflète un fort sentiment d’aversion au risque. Les investisseurs doivent surtout composer désormais sans la moindre tendance haussière clairement identifiable à long terme.

La nouvelle donne boursière imposerait-elle de tourner résolument le dos aux actifs risqués ? Non, car les opportunités d’investissement sont, en revanche, nombreuses, et offrent des perspectives de rendement parfois historiques. De plus, il existe de moins en moins de valeurs refuges ultimes, et celles-ci rapportent un rendement réel négatif.

Il s’agit plutôt d’adopter une gestion active et diversifiée entre plusieurs classes d’actifs, adaptée à la nouvelle réalité des marchés financiers.

Aujourd’hui, les séquences de stress inhérentes à ces derniers, nécessitent une plus grande capacité d’adaptation sur un horizon court, permettant d’ajuster en temps réel le degré d’exposition du portefeuille aux différents actifs. C’est l’objectif affiché de la « gestion flexible », qui superpose allocations stratégique et tactique. L’allocation stratégique se définit à moyen/long terme, répondant aux grandes tendances des marchés sur un horizon en général d’un an.

Le cadre macroéconomique ainsi que le contexte global de marché est défini et porte sur la vision structurelle de l’évolution de l’ensemble des actifs risqués. Il en résulte un cœur de portefeuille de conviction, dont la forme évoluera lentement. L’allocation tactique permet, elle, partant d’une analyse quotidienne des marchés, d’ajuster en permanence les choix stratégiques qui ont été effectués, en modulant notamment le delta résultant des positions actions.

Le secteur de l’uranium fait partie des nombreux exemples d’investissement que l’on peut citer, les actions offrant des niveaux de valorisations particulièrement bas, avec des perspectives de croissance élevées, indépendamment des rythmes de croissance des économies mondiales. Le renchérissement du prix de l’uranium devrait être alimenté par la demande structurelle chinoise et américaine.

La mauvaise image de l’énergie nucléaire depuis le drame de Fukushima, qui a conduit à des annonces de démantèlements progressifs de certaines centrales en Allemagne ou en France a eu pour conséquence de faire baisser excessivement les actions du secteur. Cette analyse incite à investir sur ce secteur pour le conserver en cœur de portefeuille, tout en assurant sa couverture par des positions indicielles vendeuses, dans le cadre d’une gestion flexible.

L’interaction permanente entre les deux types d’allocation offre au gérant la latitude nécessaire pour réviser son portefeuille à tout moment, si les évènements de marchés l’imposent. Un potentiel de réactivité bienvenu, lorsqu’on sait que la fréquence des évènements de marchés est désormais plus soutenue. Les derniers en date ? Le rebond des marchés stimulé par le Sommet Européen, très vite épuisé par la confirmation que la BCE n’interviendrait pas davantage en faveur de rachats d’actifs obligataires sur la zone euro. Résultat l’Eurostoxx50 a perdu près de 4% entre le 4 et le 6 juillet, douchant les espoirs des investisseurs qui étaient prêts à croire à un éventuel rally des marchés d’actions.

Christian Jimenez , Août 2012

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