Voir la réglementation comme un levier d’innovation

De façon générale, et tout particulièrement dans l’univers de la gestion d’actifs, la réglementation est plus souvent subie que mise à profit. Il est pourtant possible de s’en servir pour en tirer des bénéfices business à long terme. Pour ce faire, il faut adopter une vision constructive et aller plus loin que les exigences court-termistes émanant des différentes autorités. Explications.

Cernés par les contraintes réglementaires, beaucoup de gestionnaires d’actifs limitent leurs investissements informatiques aux seules exigences formulées. Un parti pris compréhensible au vu des montants à investir mais dommageable à long terme dès lors qu’il s’agira de mettre la technologie à profit pour innover. Et ce, même si la tendance du secteur n’est pas à la remise en question en matière de modèles.

Adopter une démarche proactive consistant à dépasser les simples prescriptions permettrait pourtant de prendre cette tendance à revers et de s’en servir comme un levier d’innovation nécessaire à l’appréhension des mutations à venir du secteur. Cela servirait également à couvrir plusieurs réglementations et non une seule afin de s’éviter les poses régulières de « rustines » sur le système d’information.

Un contexte favorable à l’immobilisme

Mais en observant bien, le contexte, plutôt favorable, n’engage pas forcement à la remise en question. En effet, malgré une baisse mondiale de la collecte de 1.000 à 728 milliards de dollars, le secteur reste prospère et affiche même une légère hausse avec 30.650 milliards de dollars d’actifs gérés en 2016 contre 28.675 en 2015 [1].

En s’approchant d’un plus près, on peut observer sur un marché hyper concurrentiel, une vraie tendance à la consolidation où seuls les gros ou les hyper spécialistes parviennent à tirer leur épingle du jeu. Et, pour ces derniers, bercés par la stabilité, la tendance n’est clairement pas à l’innovation. Reste que de la stabilité à l’immobilisme, il n’y a parfois qu’un pas !

Transformer le frein en pédale d’accélérateur

En revanche, pour ceux qui se situent dans la catégorie intermédiaire, tiraillés par une logique de réduction et d’optimisation des coûts, répondre aux exigences réglementaires n’est pas très bien accueilli.

De fait, en matière d’IT, ces gestionnaires d’actifs se retrouvent à faire des investissements ciblés, soit de rééquipement, soit de mise-à-jour. Alors, sans surprise, en termes de perception, il y a une certaine réalité quant au fait que les réglementations sont des freins à la capacité à innover et à la montée en compétence. Mais il faut arrêter de subir. Et une parade consiste à opter pour des solutions plus globales qui permettront d’implémenter dans le futur d’autres modules.

Il existe en effet des solutions modulaires dont il est possible de ne prendre que le « cœur produit » pour l’augmenter plus tard. Une approche agile qui équipera les collaborateurs avec des plateformes de nouvelle génération proches de ce qu’ils ont dans leur quotidien, notamment avec de la visualisation de données plus puissante et temps réel au travers de tableaux de bords ergonomiques.

D’autre part, à l’ère des réseaux sociaux, ces plateformes intègrent les dernières technologies en matière d’approche collaborative : plateforme de distribution, plateforme de recherche, etc.

Enfin, cerise sur le gâteau, face à des technologies novatrices en pleine expansion comme la Blockchain, il sera beaucoup plus simple de s’y raccorder à partir d’une solution 360 que d’un système d’information classique et dépassé. Bref, les gestionnaires d’actifs doivent gérer leur technologie comme leurs investissements : en fuyant le court terme et ses rustines peu rentables pour définir une vraie vision exécutable brique après brique et rémunératrice à long terme.

Patricia Regnault , Mars 2017

Notes

[1] Source : Morningstar, Global Investors Shun Equity, Return to Fixed Income in 2016 - 2016 Global Asset Flows Report

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