Référendum grec : le résultat ne devrait pas inquiéter les investisseurs

« La victoire surprise du ‘Non’ au référendum grec peut être une catastrophe pour le pays mais ne devrait pas inquiéter les investisseurs », affirme Léon Cornelissen, l’économiste en chef de Robeco.

En bref

  • Les Grecs s’opposent fortement aux conditions de sauvetage posées par ses créanciers
  • Les marchés financiers se sont légèrement affaiblis suite au résultat du référendum
  • Ce ‘Non’ ramène à 70% la probabilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro
  • Tous les chemins mènent maintenant à la réunion des dirigeants de la zone euro qui se tiendra mardi

Lors du referendum de dimanche, les Grecs ont voté à 61,3% contre l’acceptation des conditions de sauvetage posées par leurs créanciers. Le Premier ministre Alexis Tsipras, a déclaré que son peuple avait fait un « choix courageux ». Le pays n’a pas pu honorer sa dette de 1,5 milliards d’euros qui devait être remboursée le 30 juin au Fonds monétaire international. Le pays fera face à un problème bien plus grand encore, le 20 juillet prochain, quand il devra payer les 3,4 milliards d’euros dus à la Banque centrale européenne (BCE), qui peut maintenant couper les fonds d’urgence. Le ministre des Finances de la Grèce Yanis Varoufakis a démissionné, affirmant que sa présence ne serait plus bien accueillie par les créanciers. L’équipe d’allocation d’actifs de Robeco évalue la probabilité d’une sortie de la Grèce de la zone euro, un ‘Grexit’, à 70%.

Le risque de Grexit a augmenté

Un diction indique que "lorsque l’orgueil arrive, Némésis n’est jamais loin derrière". Le "non" ’est une surprise et il renforcera fortement la mainmise d’Alexis Tsipras, mais il soulève désormais la probabilité d’un Grexit, déclare Léon Cornelissen. Bien sûr, les dirigeants européens ne se couperont pas de la Grèce en raison de ses implications géopolitiques plus larges : une Grèce au fort ressentiment peut encore être source de nombreux ennuis et avoir un électron libre au sein de l’union européenne rend la prise de décision très difficile. Mais ce vote ne changera pas la position des créanciers. C’est à la Grèce de changer la sienne. Or cela est peu probable étant donné la force du vote "non".

Pourtant, un accord de dernière minute ne peut pas être complètement écarté parce que nous sommes très près de l’introduction d’une monnaie parallèle. Les banques grecques, qui se sont appuyées sur le financement de la BCE via son programme d’assistance de liquidité d’urgence, resteront fermées jusqu’à nouvel ordre. Leur réouverture nécessiterait des coupes drastiques sur les dépôts, ou l’introduction de la monnaie parallèle. « Il n’y a pas d’oligarques russes aux alentours pour financer leur recapitalisation, déclare Léon Cornelissen. Donc, la situation est assez désespérée pour les Grecs. »

La réaction du marché est faible

Après le résultat du référendum, les actions européennes ont chuté d’environ 1% en début de séance lundi. L’euro a légèrement reculé face aux principales devises et les spreads des obligations des pays périphériques de la zone euro se sont élargis face au Bund allemand de référence. « Le marché s’est un peu affaibli, comme prévu, mais, fondamentalement, la réaction a été limitée, déclare M. Cornelissen. Il ne faut pas oublier que l’économie grecque représente moins de 2% du PIB de la zone euro et sa dette est seulement d’environ 3% de la dette publique totale de l’UE. En termes économiques elle est donc petite. De plus, l’exposition des banques européennes à la dette grecque a diminué. Elle est maintenant majoritairement détenue par les gouvernements de la zone euro, directement ou indirectement. C’est donc le contribuable qui doit débourser, pas les banques.

Un défaut, et de facto un Grexit, n’est plus un risque systémique pour la zone euro. Vous avez besoin de réformes en Grèce, mais la probabilité qu’elles soient mises en œuvre a diminué en raison du "Non". Une dérive vers une monnaie parallèle sera une catastrophe pour l’économie grecque, mais la zone euro peut le prendre facilement. Le principal problème est la prise de décision au sein de l’UE qui va devenir beaucoup plus difficile. C’est le pouvoir donné au peuple, mais c’est un cauchemar pour Bruxelles. »

La réunion des dirigeants est désormais cruciale

Selon Leon Cornelissen, tous les chemins mènent maintenant à la réunion des dirigeants européens qui se tiendra mardi 7 juillet. « Que se passera-t-il ensuite ? La BCE laissera probablement le montant du financement d’urgence inchangé jusqu’à mardi soir, lorsque les dirigeants européens se réuniront pour discuter des implications du "Non". Ils pourraient décider de donner à la BCE le soutien politique nécessaire pour couper complètement le programme d’aide car il y a peu de raison d’attendre le 20 Juillet quand le gouvernement grec fera à nouveau défaut à BCE. C’est une question de jours maintenant. Si elle ne peut pas payer 1,5 milliard d’euros au FMI, elle ne pourra pas payer 3,4 milliards d’euros à la BCE. »

En termes de gestion de portefeuille, l’équipe Robeco Asset Allocation reste sous-pondérée sur les actions européennes de même que sur l’euro par rapport au dollar américain. « Nous sommes à l’aise avec ça maintenant. Si les marchés d’actions européens s’affaiblissent sensiblement, alors nous considérons cela comme une opportunité d’achat. Mais le marché est resté relativement calme et nous sommes loin d’être à des niveaux attrayants pour le moment. »

Léon Cornelissen , Juillet 2015

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