Quelle place pour les stratégies Long/Short Actions dans les allocations ?

L’environnement de marché actuel a clairement écarté certains investisseurs hors des marchés actions. Mais ce type de contexte incertain et volatil favorise à l’inverse la gestion Long/short Actions. Le voilà donc, le rôle de ces stratégies : favoriser la décorrélation marchés au sein des portefeuilles, tout en en réduisant la volatilité.

L’environnement macroéconomique complique la tâche des gérants actions, depuis plusieurs années. Le degré historiquement élevé d’aversion au risque et le durcissement des règlementations prudentielles (Bâle 3, Solvency 2…) ont chassé les investisseurs institutionnels des marchés d’actions, dont 70% des flux découlent désormais de l’activité d’automates. Parallèlement, les tendances de marché restent tributaires d’effets d’annonce politiques par nature discrétionnaires et donc, non modélisables. En conséquence : une absence de visibilité et une recorrélation de toutes les classes d’actifs, hormis quelques rares valeurs refuges élues (Bund, Tnotes…), qui atteignent à l’inverse des niveaux de valorisation excessifs.

Complexe à appréhender pour la gestion traditionnelle, ce contexte peut favoriser à l’inverse la gestion Long/Short. De quoi s’agit-il ? Assez classiquement, un fonds Long/Short Actions est tout d’abord investi sur un portefeuille de valeurs. Mais à la différence d’un fonds Actions Long only, le gérant va parallèlement vendre d’autres titres à découvert ou «  shorter » (des titres qu’il emprunte avant de les vendre, permettant de générer un profit lors de la baisse du prix du sous-jacent). Mais cette généralité cache deux types de stratégies, qui répondent chacune à un besoin spécifique. Les stratégies Long/Short dites « Market Neutral » cherchent à tirer profit de l’évolution relative entre plusieurs couples de valeurs du même secteur (pair trades).

Un exemple : le gérant achète Peugeot et vend Renault pour le même montant en numéraire, dans l’attente que le premier se revalorise par rapport au second. Les expositions étant rebalancées en continu afin de respecter une stricte neutralité à l’égard de la tendance du marché, leur performance découle uniquement de l’écartement relatif entre ces couples de valeurs. Cette approche vise donc à tirer profit des aberrations de marché et répond à une stricte logique de retour à la moyenne (ou de normalisation).

Résultat : une désensibilisation quasi-totale à l’égard de la tendance de marché et une performance à la hauteur de la seule pertinence de ces arbitrages. Ce type de stratégie vise dès lors un objectif de performance absolue, et plus encore de préservation du capital.

Davantage comparables à des stratégies flexibles, les stratégies Long/Short plus directionnelles font varier leur exposition nette aux marchés en fonction des anticipations du gérant. A l’inverse des gérants de fonds Market Neutral, qui ne visent qu’une évolution relative entre des couples de valeurs, ce dernier bénéficie ici d’un double moteur de performance : l’évolution de ses expositions acheteuses et l’évolution de celle de ses expositions vendeuses, chacune répondant à des enjeux bien distincts. Du côté vendeur (« les shorts ») figurent des valeurs structurellement vouées à baisser, notamment celles dont le modèle économique est condamné à terme. Peuvent aussi y cohabiter des valeurs cycliques, dont la vulnérabilité à un environnement durablement récessif et déflationniste n’est pas encore intégrée dans les cours. L’objectif est ici de profiter des asymétries de valorisation, afin de capter un rendement sur longue période, dans un budget de risque réduit.

Le voilà donc, le rôle de ces stratégies : favoriser la décorrélation au sein des portefeuilles, tout en en réduisant la volatilité. Pour au moins deux raisons, le moment est le bon. D’une part, l’évolution des marchés depuis cinq ans et le niveau historiquement faible des taux d’intérêt réputés sans risque (monétaire ou obligataire souverain bien noté) renforcent mécaniquement l’intérêt des investisseurs pour les solutions d’investissement en mesure d’apporter à la fois un rendement significatif et un profil de risque circonscrit. D’autre part, l’aversion historique des investisseurs à l’égard du risque a occasionné des distorsions de marché et des discriminations excessives entre titres et classes d’actifs, dont les perspectives de résorption occasionnent de nombreuses opportunités d’arbitrage.

Comment se positionner, dans ces conditions ? Tout dépend en réalité de l’objectif recherché. L’investisseur averse au risque, ou qui souhaite s’offrir une meilleure rémunération avec comme objectif premier la préservation du capital, se tournera vers un fonds Long/Short de type Market Neutral, tandis que l’investisseur souhaitant commencer à se réexposer aux actions avec un risque moindre optera pour des fonds plus directionnels.

Gilles Sitbon , Olivier Mollé , Juillet 2012

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