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Ode à l’histoire économique

Le cycle de crédit touche à sa fin. Les actifs risqués, comme par exemple le crédit, deviennent vulnérables et les banques centrales risquent de prendre du retard. Sander Bus et Victor Verberk, co-responsables de l’équipe Crédit, maintiennent une position prudente. Ainsi, ils privilégient la qualité afin de profiter d’une nouvelle décompression des spreads et de primes de risque plus élevées.

L’économie mondiale a de nouveau connu un bon trimestre en termes de croissance. Il semblerait même que les investissements de capitaux contribuent enfin à la croissance. D’après Victor Verberk, il s’agissait là de la variable économique la plus décevante dans le cycle économique actuel. Sander Bus ajoute qu’en outre, il semblerait que les différentes zones économiques aient synchronisés leurs cycles. À l’exception de la Chine, chacun d’eux montre des signes de reprise. En Chine cependant, le ratio dette sur PIB a atteint des niveaux observés pour la dernière fois dans des situations de crise dans des pays tels que la Corée, le Japon et la Thaïlande.

Les banques centrales prennent-elles du retard ?

Victor Verberk et Sander Bus soulignent un sujet qui contraste fortement avec les deux dernières années : le risque que les banques centrales prennent du retard. « La grande question dans ce cycle est pourquoi l’inflation demeure-t-elle si faible ? », déclare Victor Verberk. Il ajoute qu’étant donné la réduction de l’écart dans la production économique, nous pourrions nous attendre à ce que des craintes en matière d’inflation fassent bientôt leur apparition auprès des banques centrales. Selon lui, il est possible que nous soyons à un tournant décisif sur la question de l’inflation.

Dans tous les cas, toutes les banques centrales combinées réduiront considérablement leurs mesures de relance monétaires au cours de l’année 2018. Sander Bus indique pour sa part que la seule chose qui pourrait l’empêcher d’anticiper une volatilité en hausse serait un scénario dans lequel d’autres participants du marché, tels que les banques commerciales et de détail, prendraient le relais en rachetant à leur tour des actifs obligataires. Selon lui, les chiffres sont trop elevés pour croire à un scénario si parfait, et cela s’applique à l’ensemble des classes d’actifs risqués.

Régulièrement, Victor Verberk et Sander Bus examinent la situation avec un maximum de recul pour avoir une vue d’ensemble. « Nous essayons de sortir des sentiers battus et de trouver une approche originale en ce qui concerne le cycle économique sans nous laisser influencer par l’agitation quotidienne », explique Victor Verberk. Il ajoute que malgré ce que l’on pourrait croire, cela ne les rend pas plus détendus. Il explique que depuis que nous avons abandonné le système Bretton Woods dans les années 70, nous avons en réalité créé de la monnaie papier, en la laissant entièrement entre les mains des banques centrales et des politiciens. Cela a contribué à provoquer un nombre sans cesse croissant de chocs financiers.

Les banques centrales sont gérées par des universitaires qui se surestiment, au même titre qu’ils surestiment le contrôle qu’ils ont sur l’économie, tentant ainsi de résoudre les problèmes économiques en abaissant les taux d’intérêt.

Selon Sander Bus, si les banques centrales ont pris une bonne décision en adoptant une politique monétaire accommodante, elles l’ont fait pour les mauvaises raisons. L’énorme choc qu’a provoqué l’arrivée de plus d’un milliard de chinois sur le marché du travail depuis les années 80 a eu un effet désinflationniste. Cela a selon lui créé le super cycle d’endettement sur lequel beaucoup d’encre a coulé ces dix dernières années. Résoudre les problèmes de dette en créant encore plus de dette ne peut que finir par provoquer plus, et non pas moins, les chocs financiers que nous connaissons. « Nous vivons dorénavant à une époque où nous devrions nous attendre à un cycle régulier de crise, ré endettement, expansion, excès et de nouveau une récession. »

Étudier l’histoire économique

Victor Verberk remarque qu’en étudiant l’histoire économique et en rédigeant cette publication qu’est le Credit Quarterly Outlook, les membres de son équipe Crédit ont réussi à développer une bonne compréhension en ce qui concerne les événements qui les entourent. C’est la raison pour laquelle ils appellent cette publication « Ode à l’histoire économique ». « Nous continuons en toute honnêteté à informer nos clients de nos opinions à l’égard du cycle de crédit, même quand nous sommes d’avis qu’il touche à sa fin. Actuellement, les actifs risqués sont vulnérables et peut-être même plus que les obligations d’État. »

Positionnement sur les crédits : prudence en matière de beta, exigence de qualité plus élevée et vigilance quant aux risques extrêmes

En dépit de l’amélioration des fondamentaux économiques, Victor Verberk et Sander Bus deviennent plus prudents. Ce dernier met en garde en indiquant qu’une récession n’est pas toujours nécessaire pour observer des corrections de cours des actifs. « Certains éléments extrêmes suscitent notre inquiétude. »

Ils indiquent que lorsque cinq valeurs FAANG font grimper l’indice S&P 500 de plus de 20 %, que l’inflation est si faible alors que les taux de chômage indiquent l’inverse et que les marchés du crédit font face à des ventes nettes de la part des banques centrales, il convient d’être prudent en matière de positionnement du beta.

Cette prudence permet d’être bien positionné pour bénéficier de la volatilité future. Les pertes éventuelles dues à une exposition trop faible en termes de beta ne sont tout simplement pas assez élevées.

Victor Verberk ajoute que si après la pluie vient le beau temps, celui-ci est toujours précédé de la pluie. Selon lui, il faut se souvenir de 2007. Depuis cette date, les niveaux d’endettement et la dépendance à des faibles taux d’intérêt n’ont cessé d’augmenter. Un choc est nécessaire pour une réévaluation des actifs risqués. Cela s’est produit de nombreuses fois par le passé et cela se produira à nouveau. C’est la leçon que l’on peut tirer de l’histoire. Nous vivons à une époque caractérisée par des chocs financiers provoqués par un endettement trop important et des banques centrales trop confiantes.

Sander Bus , Victor Verberk , Janvier 2018

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