Mieux comprendre les enjeux de CVA

Cet outil, utilisé par les établissements financiers et assimilable en quelque sorte à une provision, est destiné à prendre en compte la perte potentielle attendue en cas de défaut de la contrepartie…

Le CVA (« Credit Valuation Adjustment ») représente la valeur de marché du risque de crédit pour un produit dérivé. En théorie, il s’agit de « la différence entre la valeur du dérivé calculé sous l’hypothèse de contrepartie risk-free et la valeur du dérivé en levant cette hypothèse » précise Frédéric Vrins, Senior Quantitative Analyst chez ING Belgique. Cet outil, utilisé par les établissements financiers et assimilable en quelque sorte à une provision, est destiné à prendre en compte la perte potentielle attendue en cas de défaut de la contrepartie. Pour estimer ce montant, il convient de prendre en compte la probabilité d’occurrence, estimée par le marché, de cette éventualité. Les nouvelles normes comptables internationales IFRS (« International Financial Reporting Standards »), en particulier IFRS 13, relative à l’évaluation de la « juste valeur », recommandent, en effet, à ce que le CVA soit calculé à partir de références de marché et non pas selon des probabilités historiques de défaut, même si le débat à ce sujet est loin d’être tranché selon les spécialistes.

Quoi qu’il en soit, dans le cadre des Accords de Bâle III, destinés à renforcer la sécurité et la fiabilité du système financier, le calcul de CVA se doit d’être déterminé à partir des spreads observés sur le marché des CDS (« Credit Default Swap »).

Une situation qui n’est pas sans poser quelques problèmes car toutes les contreparties ne font pas, par exemple, l’objet de cotation sur ce marché. Bref, de quoi donner du fil à retordre aux banques, surtout lorsque l’on sait que le renforcement de la réglementation bancaire leur impose désormais une charge prudentielle en capital, destinée à prendre en compte les risques de pertes sur le « mark-to market » liées à la détérioration de la qualité du crédit d’une contrepartie.

Cependant, pour les établissements financiers, le CVA permet de quantifier, au moment de l’origination d’une transaction sur un produit dérivé, le risque de crédit dont le coût peut alors être éventuellement facturé aux clients finaux. Le CVA est ensuite recalculé, à une fréquence régulière (généralement quotidienne), pour être intégré au résultat financier de l’opération, tout comme le reste de la juste valeur de l’instrument dérivé. Le montant de CVA peut donc varier dans le temps, en fonction de l’évolution de l’exposition et/ou de la qualité de crédit de la contrepartie. Lorsqu’un produit dérivé arrive à échéance ou est dénoué à une date antérieure, le CVA cesse alors d’être calculé, ce qui est également le cas lors du défaut d’une contrepartie. Dans une telle éventualité, le montant de CVA est alors déduit du résultat financier de la transaction afin de rembourser les pertes enregistrées ou de servir de provision pour une perte à venir.

Les CVAs permettent donc d’anticiper les pertes éventuelles du défaut d’une contrepartie et de les provisionner très en amont, contrairement à des provisions effectuées au titre du risque de crédit par exemple. Ces outils font toutefois l’objet de stratégies différentes selon les établissements bancaires.

Pour certaines banques d’investissement, le risque de contrepartie s’est ainsi transformé, grâce aux CVAs, en un risque de marché. D’ailleurs, la plupart d’entre elles ont aujourd’hui mis en place des « desks » dédiés à la gestion et à la couverture des CVAs, allant même jusqu’à réfléchir à la manière de modéliser et de couvrir leur propre risque de défaut au travers de la modélisation du concept de DVA (« Default Value Adjustment »).

Mais, comme l’indique Frédéric Vrins, « la mise en place d’un desk CVA est à la fois très complexe et couteux », ce qui explique sans doute pourquoi « seules les grandes banques peuvent se le permettre » ajoute t-il. A l’inverse, d’autres établissements bancaires traitent les CVA comme un risque de crédit supplémentaire, s’abstenant de le gérer dynamiquement, à travers des équipes dédiées de traders.

Quoi qu’il en soit, il ne faut pas perdre de vue que le risque de CVA ne peut pas être intégralement couvert par les banques, le vrai risque restant celui du défaut d’une contrepartie, comme l’a rappelé Tanguy Dehapiot, Head of Validation and Valuation à BNP Paribas UK, lors de la conférence sur le thème des CVAs, organisée par PricingPartners, au mois de septembre dernier, à Paris.

RF , Octobre 2012

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