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Le commerce sera l’un des principaux risques géopolitiques en 2018

La croissance économique se poursuit, les actions sont au plus haut et les marchés semblent calmes. Pourquoi donc s’inquiéter ? Les risques géopolitiques augmentent selon notre indicateur dédié (BlackRock Geopolitical Risk Indicator - BGRI), mais cette tendance n’est pas nécessairement défavorable aux marchés.

L’indicateur BGRI évalue le degré d’inquiétude des marchés financiers concernant le risque géopolitique. Il calcule la fréquence des références faites au risque géopolitique dans les médias et les rapports des courtiers, en tenant compte de l’état d’esprit des textes publiés. Si le score est positif, les marchés sont davantage préoccupés par les risques géopolitiques que d’habitude, et vice-versa. L’indicateur BGRI est à son plus haut depuis mars 2015 et s’établit à un niveau nettement supérieur à celui du début 2017 lorsque les marchés commençaient à s’accoutumer à l’élection de Donald Trump, mais qu’ils craignaient le résultat de l’élection présidentielle en France et l’impact d’un Brexit « dur ». Faut-il s’inquiéter de l’augmentation récente de l’indicateur BGRI ? Le graphique ci-dessus montre qu’il reste largement inférieur à son pic de long terme. Mais certains risques, comme celui d’un durcissement de la politique commerciale américaine, méritent selon nous une attention particulière.

La conjoncture économique est importante

Selon nos analyses des performances des actifs ayant suivi des « chocs » depuis 1962, les événements géopolitiques soudains ont généralement un impact négatif temporaire sur les actifs risqués si le contexte économique est favorable. Lors de tels épisodes, les bons du Trésor américain peuvent constituer une couverture efficace. Ces actifs refuges ont tendance à s’inscrire en hausse avant la matérialisation des « inconnues connues », tels que des élections avec une issue serrée, puis à perdre du terrain après ces événements au profit des actifs risqués, qui bénéficient de la dissipation des incertitudes. Les chocs géopolitiques localisés ont des effets plus durables sur les marchés concernés. La réaction des marchés sera plus persistante et prononcée en cas de chocs multiples et simultanés ou si l’économie se dégrade.

Malgré les nombreux risques anticipés par les intervenants début 2017, très peu se sont concrétisés, ce qui a permis aux marchés d’enregistrer des performances très solides. Comme le montre l’indicateur BGRI, les risques géopolitiques sont clairement les plus prégnants en ce début d’année 2018. La conjoncture économique reste néanmoins robuste et notre Indicateur économique BlackRock Macro GPS augure une phase d’expansion économique soutenue. Les facteurs géopolitiques ne devraient pas remettre en cause cette tendance.

Quels facteurs pourraient faire dérailler l’économie ? Le risque le plus préoccupant selon nous serait un protectionnisme commercial accru de la part des États-Unis. Il pourrait en effet déstabiliser la croissance mondiale, peser sur les bénéfices des entreprises et remettre en question nos perspectives économiques. La moindre rupture dans les négociations sur l’accord de libre-échange nord-américain serait selon nous un signe de mauvais augure pour le commerce mondial, et pénaliserait très rapidement les actions des marchés émergents. Autre sujet d’inquiétude, l’intensification des tensions commerciales avec la Chine. Nous surveillons de très près l’évolution de l’examen des pratiques commerciales chinoises par les États-Unis dans certains secteurs comme la technologie, l’acier et l’aluminium. Nous ne tablons pas sur une guerre commerciale mais les investisseurs devront se méfier de la volatilité induite par les sujets commerciaux en 2018. Nous continuons à privilégier les actions des marchés émergents et des marchés développés (hors États-Unis) et à plaider en faveur d’une allocation diversifiée en faveur des bons du Trésor américain. Notre scénario central : Les facteurs géopolitiques n’auront qu’un impact très temporaire sur l’appétence pour le risque des investisseurs en 2018.

Isabelle Mateos y Lago , Janvier 2018

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