La gestion Value en Chine

Compte tenu des turbulences actuelles sur les plan économique et financier, il est selon nous difficile d’ignorer les opportunités d’investissement que présentent les marchés émergents. Pour de nombreux investisseurs, la Chine reste en tête de liste.

Nous avons eu l’occasion de constater cet optimisme lors de nos visites récentes dans la région et de discussions avec divers experts.

Nos voyages sont intervenus en pleine transition du pouvoir pour le parti communiste, qui est un événement décennal. Cette transition constitue seulement le deuxième transfert de pouvoir institutionnalisé de toute l’histoire du pays. Jusqu’à présent, le processus semble bien se passer, avec un cloisonnement très net entre la vieille garde et la nouvelle génération. Cette transition en douceur permettra selon nous aux nouveaux leaders de débuter leur mandat sur des bases saines. Lors d’une réunion qui a suivi notre voyage en Chine, le professeur Andrew Nathan, qui préside la Chaire de science politique à l’Université de Columbia, a fait remarquer qu’il y a 10 ans, la prestation des leaders nouvellement nommés avait été surveillée en termes de performance et de relations personnelles. Le critère de performance semblait tout à fait cohérent avec les grandes priorités du gouvernement : croissance économique, planification de l’évolution de la population et maintien de la stabilité sociale.

En parcourant les rues de Shanghai et de Beijing, nous avons constaté que l’atonie du marché immobilier avait pesé sur la confiance des ménages. Toutefois, nous avons appris que le moral de la population avait mieux résisté dans les villes secondaires. Le gouvernement n’a pas à freiner autant l’activité dans ces villes que dans les grandes agglomérations pour empêcher la formation de bulles immobilières. Diverses mesures peuvent être prises pour calmer la surchauffe du secteur immobilier : restrictions du nombre de logements accessibles aux familles, limitation de la capacité des promoteurs à obtenir des prêts et relèvement du ratio des réserves obligatoires des banques.

Selon nous, la situation critique du marché immobilier dans les grandes villes chinoises et le ralentissement global de l’économie illustrent le besoin de diversifier les moteurs de croissance. Les leaders chinois ont semble-t-il compris que la consommation intérieure devait jouer un rôle plus important dans l’économie pour promouvoir des perspectives de croissance plus durables et moins volatiles, et accroître la stabilité sociale.

Il nous semble aussi évident que les autorités chinoises doivent continuer à développer les marchés de capitaux pour assurer une allocation plus efficace des investissements.

Ces mesures pourraient réduire la propension de la population à déposer leur argent sur des comptes bancaires ou à l’investir dans l’immobilier et des produits commercialisés par des trusts (sortes de sociétés de gestion). Elles pourraient également accélérer la demande en produits d’assurance et de retraite. Les réformes des retraites et de la santé vont probablement jouer un rôle majeur dans la stratégie du nouveau gouvernement, non seulement pour les raisons susmentionnées mais aussi en raison du doublement probablement du nombre de retraités chinois d’ici 2030 (229 millions) [1]. Compte tenu de ces bonnes perspectives de croissance, nous avons décidé de suivre de près l’évolution des compagnies d’assurance-vie.

Alors que le revenu disponible a continué à augmenter et que l’offre de produit de protection et d’épargne aux particuliers a explosé, nous pensons que la croissance de la consommation intérieure restera vigoureuse. En conséquence de ces tendances, les entreprises vont mettre les bouchées doubles pour améliorer leur image de marque. Le fait que les sociétés vont devoir attirer l’attention des consommateurs constitue selon nous une opportunité d’investissement intéressante dans le secteur de la publicité.

Compte tenu de nos observations, nous pensons que les entreprises chinoises vont investir deux fois plus en dépenses publicitaires que leurs homologues des pays développés (en pourcentage de leurs revenus).

Nous avons aussi trouvé d’autres manières d’exploiter la croissance chinoise, via des multinationales européennes qui renforcent leur présence dans le pays. Les cours de bourse de nombre d’entre elles affichaient encore récemment des décotes importantes. Nous estimons que les investisseurs ont trop sanctionné ces multinationales car l’impact combiné de la crise de la dette de la zone euro et de la croissance parfois anémique de leur pays d’appartenance n’a pas remis en cause leurs performances globales.

Dans le cadre de leur processus d’évaluation, les équipes de Mutual Series débutent par une analyse fondamentale au cas par cas. Cependant, nous tenons aussi compte de thèmes macroéconomiques durables qui constituent des catalyseurs habituels permettant aux titres sous-évalués d’évoluer vers notre estimation de leur valeur intrinsèque. Le développement économique de la Chine est un exemple concret et puissant d’un tel catalyseur.

Andrew Sleeman , Philippe Brugere-Trelat , Janvier 2013

Notes

[1] Source : Division de la Population du Département des affaires économiques et sociales des Nations unies (2010) http://data.un.org/Data.aspx?d=PopD...

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