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La flambée du prix des terres rares va-t-elle se poursuivre ?

Bien que devenus indispensables au fonctionnement des industries technologiques, ces minéraux ont récemment vu leur prix accuser un recul de près de 25% par rapport aux plus hauts niveaux atteints durant l’été dernier…

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Les terres rares sont un groupe de dix-sept métaux (cérium, dysprosium, erbium, europium, gadolinium, holmium, lanthane, lutécium, néodyme, praséodyme, prométhium, samarium, scandium, terbium, thulium, ytterbium, yttrium) présentant des propriétés chimiques très recherchées par les industries de haute technologie, que ce soit pour fabriquer des batteries, des écrans plats, des pots catalytiques ou encore des ampoules basse consommation.

Bien que devenus indispensables au fonctionnement des industries technologiques, ces minéraux ont récemment vu leur prix accuser un recul de près de 25% par rapport aux plus hauts niveaux atteints durant l’été dernier, acculés à la baisse par des spéculateurs qui ont décidé de prendre leur profit sur les stocks qu’ils avaient accumulé depuis plusieurs mois, selon le site chinois d’informations « Shanghai Steelhome Information ». Il faut dire que les transactions sur ces métaux sont relativement opaques et ne donnent pas lieu à des cotations transparentes sur des marchés organisés, comme pour les métaux de précieux ou les métaux de base par exemple.

Pour ne rien arranger, les terres rares font l’objet d’une communication restreinte de la part des pays producteurs, fournissant peu de statistiques à leur sujet. Les réserves mondiales en oxydes de terres rares sont néanmoins estimées par l’USGS (« United State Geological Survey » – « institut d’études géologiques des Etats-Unis ») à 110 millions de tonnes fin 2010, détenues à 50 % par la Chine, devant la Communauté des États Indépendants, l’ex URSS (17 %), les États-Unis (12 %) et l’Inde (2,8 %).

Contrairement à ce que suggère leur dénomination, ces terres rares sont donc assez répandues dans l’écorce terrestre. Cependant, les dégâts sur l’environnement que suppose leur exploitation minière ont progressivement conduit la plupart des pays producteurs à en limiter leur production. A ce jour, seul la Chine semble peu s’en soucier.

C’est la raison pour laquelle l’Empire du Milieu bénéficie aujourd’hui d’une situation de quasi-monopole sur ce marché, alimentant la majeure partie de la production mondiale, avec près de 130 000 tonnes produites l’an dernier. Pourtant, le pays n’est crédité que de la moitié des réserves prouvées selon l’USGS.

On comprend dès lors un peu mieux pourquoi la Chine a tout fait pour que la baisse actuelle des cours soit la plus limitée possible. Pour cela, Pékin a imposé la fermeture de certaines mines clandestines et n’a pas hésité à limiter la production de certains gisements en activité, notamment dans les régions de Mongolie intérieure.

C’est d’ailleurs cette volonté de contrôler le marché des terres rares qui a conduit le gouvernement chinois à mettre en place une politique de quotas à l’exportation depuis 2004. Pékin instaure en effet des quotas sévères, justifiés au nom de la protection de ses réserves naturelles et de son environnement. Ainsi, en quelques années, la Chine a pris le contrôle de l’industrie des terres rares. Comme on l’imagine, ce système est loin de plaire aux industriels occidentaux, contribuant largement à la flambée du prix des terres rares de ces dernières années.

Ce n’est pas pour rien que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a récemment condamné la Chine pour des restrictions aux exportations de matières premières jugées discriminatoires notamment par l’Union européenne et les Etats-Unis. En l’occurrence, l’OMC a qualifié d’incompatible avec les règles du commerce international l’application de droits d’exportation, de contingents d’exportation et de prix minimal à l’exportation de certains minerais.

Pour faire face aux possibles risques de pénurie, l’Union européenne a d’ailleurs décidé d’agir, souhaitant constituer un stock de terres rares, en vue de réduire sa dépendance vis à vis de la Chine en la matière.

Mais, la solution est peut être ailleurs. Certaines entreprises, comme General Electric (GE), tentent désormais de réduire au maximum leurs besoins pour ces métaux. Par exemple, la stratégie de GE consiste essentiellement à faire davantage appel aux minéraux recyclés, tout en essayant de mettre au point des substituts aux terres rares. Ce cas est loin d’être isolé. D’ailleurs Toyota, qui utilise du néodyme pour le moteur de sa voiture hybride électrique, a récemment indiqué travailler sur un projet de moteur électrique plus efficace, n’utilisant plus de terres rares.

Bref, si ces recherches portent leurs fruits et commencent à se généraliser chez les industriels, le prix des terres rares pourraient en faire les frais à plus ou moins brève échéance.

C’est peut être d’ailleurs ce qu’anticipent déjà les spéculateurs, de quoi expliquer sans doute un peu mieux le récent repli brutal du prix des terres rares, mais aussi celui des cours boursiers des sociétés produisant ce type de minéraux, à l’image de l’américain Molycorp.

RF , Novembre 2011

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