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Inde - le changement, c’est maintenant

L’élection de M. Modi à la tête du gouvernement indien est-elle la seule explication du rebond du marché indien ? La tendance baissière du marché boursier indien s’est inversée dès la fin de l’été 2013, effaçant dès l’automne les effets négatifs de l’annonce d’un changement de politique monétaire américaine.

Les investisseurs ont voulu saluer la rapidité de réaction des autorités, visant en particulier à réduire drastiquement le déficit courant, par des mesures de restriction des importations d’or notamment et, plus généralement, de contrôle des sorties de capitaux.

L’autre élément rassurant a été apporté par la nouvelle direction de la banque centrale d’Inde. Le gouverneur, M. Rajan, a ainsi clarifié la communication de l’institution et mis en avant la priorité de la lutte contre l’inflation.

Pour ce faire, il a relevé de 75 bps son taux de repo depuis septembre 2013 et adopté un objectif d’inflation à terme de 4% ±2 points, accompagné de deux objectifs d’inflation intérimaires, de 8% d’ici mars 2015 et 6% d’ici mars 2016.

Le chemin est donc tracé. La réactivité des politiques mises en œuvre s’est traduite par un arrêt de la dépréciation de la devise, qui a repris 15% sur son plus bas du mois d’août 2013, et un regain d’intérêt sur les actifs indiens. La perspective d’un changement de gouvernement, après la campagne électorale conduite par M. Modi, fondée quasi exclusivement sur un programme de réformes économiques, est venue renforcer le sentiment positif sur le pays. L’élection confortable de M.

Modi qui dispose d’une très large majorité est une nouveauté dans la vie politique indienne et un gage de capacité à gouverner sans chercher, comme par le passé, des compromis coûteux avec telle ou telle formation politique.

Que va faire M. Modi à très court terme ? La pression est maintenant forte sur M. Modi. Son premier acte a été la nomination rapide d’un gouvernement resserré de 45 ministres au lieu de 71 dans le précédent, dans le but de simplifier le processus décisionnel. Les premières déclarations du ministre de l’Economie et des Finances sont en faveur de l’assainissement des finances publiques - l’autre déficit préoccupant du pays après le déficit courant - et pour la relance de l’investissement, M. Modi met également l’accent sur un renforcement de sa communication, avec notamment la création d’un site internet immédiatement après sa prise de fonction pour reprendre l’ensemble de ses interventions ! Il dispose d’une majorité absolue à la chambre basse, ce qui devrait lui permettre d’accélérer le processus de décision.

Le renouvellement d’une partie des membres de la chambre haute est encore en cours. Même si toutes les lois ne nécessitent pas une adoption par les deux chambres, notamment en matière de finances, la chambre haute, représentant les différents Etats et territoires, a un pouvoir non négligeable. Le premier acte du gouvernement sera la présentation du budget de l’Union en juillet prochain, qui devrait mettre en avant l’objectif de réduction du déficit public et la réforme de la fiscalité. Le programme plus détaillé des réformes devrait être annoncé rapidement. Le gouvernement est très attendu également sur sa gestion des projets d’investissements lourds, pour le moment à l’arrêt, pris dans les méandres de la bureaucratie. Il devrait très rapidement s’attaquer à la simplification des procédures d’acquisition de terrains, investir dans les chemins de fer et le logement social mais surtout s’attaquer au retard considérable sur le marché de l’énergie et relancer l’industrie manufacturière, très faible au regard des concurrents asiatiques.

Les dernières données publiées sont positives mais les lourdeurs et les particularités de l’économie indienne sont toujours là… Les dernières données publiées sont effectivement plutôt positives, avec notamment un indice PMI manufacturier stabilisé au-dessus de 50 dont les composantes de commandes et commandes à l’exportation accélèrent, une production dans le secteur des infrastructures en nette hausse, des ventes d’automobiles qui progressent de 10% en mai… Reste maintenant à connaître l’importance des pluies de la mousson de cet été.

Compte tenu de l’importance du poids de l’agriculture dans le PIB (19%), et du fait que les prix alimentaires représentent plus de 50% de l’indice de prix à la consommation, les performances à venir de l’économie indienne en dépendront fortement.

Certes, un vent nouveau semble souffler sur le pays mais la route est encore longue. Les spécificités de la société indienne, les expériences passées, avec notamment des programmes de réformes ambitieux, mais vidés de leur substance au cours du processus législatif, sont nombreuses.

L’espoir est né du bilan de M. Modi à la tête de l’Etat du Gujarat pendant 12 ans. Les performances macroéconomiques ont certes été supérieures à la moyenne du pays, mais les inégalités sociales se sont accrues. Les recettes valables sur une petite échelle ne sont pas toujours transposables à l’échelle d’un pays de la taille de l’Inde.

Les marchés veulent croire au début d’une nouvelle ère mais il faudra, selon toute vraisemblance, s’armer de patience avant d’en mesurer des résultats tangibles.

Laetitia Baldeschi , Juin 2014

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