Hausse des taux d’intérêt : Quels investissements choisir ?

Le recours à des instruments financiers plus ou moins complexes n’est pas la seule voie qui s’offre pour faire face au risque croissant d’une remontée des taux d’intérêt. Il peut être également judicieux de renforcer la diversification de son portefeuille...

Les taux d’intérêt ont enregistré au cours des derniers mois des records de faiblesse dans la plupart des pays de l’OCDE. Compte tenu du niveau qu’ils ont atteint, les taux d’intérêt disposent désormais d’une faible marge de baisse supplémentaire. Cette évolution constitue bien sûr un risque pour les investisseurs qui l’auraient mal anticipée car le début d’un cycle de hausse de taux s’accompagne souvent de remous sur les marchés financiers.

En effet, la hausse des taux engendre des pertes directes pour les porteurs d’obligations à taux fixes. Elle diminue la valeur actuelle des bénéfices futurs des sociétés, et pèse en conséquence sur le cours des actions. Elle nuit au marché immobilier, qui est comme chacun sait, très sensible au coût du crédit. Les hausses de taux finissent, en outre, par freiner l’activité, ce qui aggrave par ricochet, l’inquiétude des marchés.

Confrontés à un risque de hausse des taux, les investisseurs peuvent d’abord chercher à réduire la vie moyenne de leur portefeuille obligataire, car le risque de perte en capital associé à une hausse des taux d’intérêt d’un portefeuille d’obligations est d’autant plus fort que la durée des titres qui le compose est élevée.

Plusieurs méthodes peuvent être suivies à cette fin : arbitrer les titres de maturité éloignée contre des titres courts, substituer des titres à taux variables aux instruments à taux fixe qui composent le portefeuille.

Il est aussi possible de céder une partie des titres exposés au risque de taux, et placer le produit de ses ventes en instruments monétaires (fonds monétaires, dépôts bancaires…), ou encore couvrir son portefeuille en recourant à des instruments dérivés comme les contrats futures de taux ou des swaps, techniques réservées à une clientèle avertie au demeurant.

Une alternative à cette approche consiste à mener une analyse des facteurs susceptibles de provoquer la remontée des taux. Si l’accélération de l’inflation constitue ainsi la principale cause de cette remontée, l’investisseur pourra affiner sa stratégie en se portant sur des obligations indexées sur l’inflation (ou des fonds eux-mêmes investis sur des instruments de ce type) ou en s’exposant à des produits de « breakeven »dont la principale caractéristique est d’être uniquement exposés aux anticipations d’inflation. Il pourra enfin investir sur des biens réels dont la valeur progresse généralement quand les pressions inflationnistes s’accroissent, comme l’immobilier ou l’or.

Les tensions observées sur les taux peuvent aussi résulter de l’aggravation de la santé financière des émetteurs, car cette aggravation peut conduire les prêteurs à réclamer une prime de risque (un spread) plus élevée pour accepter de prêter. Si tel est le cas, il est recommandé de réduire l’exposition sur les émetteurs (publics ou privés) dont la dette est mal rémunérée au regard du risque qu’elle comporte, soit en cédant les lignes les plus risquées, soit en recourant aussi aux instruments dérivés, qui à l’image des CDS (Credit Default Swap), permettent de s’assurer contre le risque de défaut d’un emprunteur moyennant le paiement d’une prime.

Le recours à des instruments financiers plus ou moins complexes n’est pas la seule voie qui s’offre pour faire face au risque croissant d’une remontée des taux d’intérêt. Il peut être également judicieux de renforcer la diversification de son portefeuille ou de se porter sur des fonds de performance absolue qui sont susceptibles de générer des gains même en cas de remontée des taux.

Éric Bourguignon , Juillet 2014

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