Gestion d’actifs assurantielle : la nouvelle donne

L’environnement auquel sont confrontés les investisseurs du secteur assurantiel, des mutuelles et des instituts de prévoyance est de plus en plus complexe. D’une part, la recherche de rendement dans le contexte de taux bas des dernières années les a incité, mécaniquement, à diversifier leurs portefeuilles vers des classes d’actifs jusqu’alors inexplorées, plus risquées et au prix d’une liquidité dégradée.

L’environnement auquel sont confrontés les investisseurs du secteur assurantiel, des mutuelles et des instituts de prévoyance est de plus en plus complexe. D’une part, la recherche de rendement dans le contexte de taux bas des dernières années les a incité, mécaniquement, à diversifier leurs portefeuilles vers des classes d’actifs jusqu’alors inexplorées, plus risquées et au prix d’une liquidité dégradée. « Le portage, qui traditionnellement représente la principale source de rendement des marchés obligataires souverains, s’est dégradé significativement en moins d’une décennie. Fin 2007, le rendement du Bund allemand (4,30% à 10 ans) permettait de compenser une hausse de taux de 54 points de base sur an. A fin novembre 2016, son niveau de 0,30% ne compense plus qu’une hausse de taux de 3 points de base » explique Claire Bourgeois, Directrice de la Gestion assurantielle (ALM - Asset Liability Management) chez Groupama AM.

L’optimisation de la marge de solvabilité devient un enjeu majeur

D’autre part, la mise en place de la directive Solvabilité 2 oblige désormais les assureurs à tenir compte de la valeur de marché de leurs fonds propres réglementaires, qui correspond à la différence entre la valeur de marché de l’actif et celle des provisions techniques, le « Best Estimate ». Donc à tenir compte de leur passif. « Or, la valorisation des actifs et des passifs en valeur de marché introduit de la volatilité dans les bilans prudentiels des assureurs. Pour ces derniers, l’enjeu est de gérer activement la volatilité de la marge de solvabilité, peu regardée jusqu’ici » ajoute Claire Bourgeois.

Dans ces conditions, l’objectif absolu des investisseurs institutionnels n’est plus tant celui du rendement, mais plutôt celui de l’optimisation de la marge de solvabilité, autrement dit de la valeur de marché de ses fonds propres.

De tels défis appellent un pilotage dynamique du bilan de l’assureur. « C’est un changement de paradigme pour les investisseurs. L’approche par classe d’actifs, c’est-à-dire une allocation visant la génération de produits financiers, définie selon les engagements au passif de l’institution, n’est plus opérante. Désormais, l’optimisation de la valeur de marché implique davantage une gestion obligataire en valeur de marché, moins en ‘buy and hold’ » estime Alexandre Piazza, Responsable de la gestion ALM dédiée à la clientèle externe.

Vers une gestion assurantielle plus « tactique » qu’auparavant

L’équipe de Groupama AM identifie deux types de stratégies en vue de maximiser la valeur de marché des fonds propres. Une stratégie de portage optimisé, via une gestion active des positions obligataires est aujourd’hui attractive. « Il s’agit en quelque sorte d’un ‘buy and hold’ nouvelle génération, opportuniste, fondé sur la recherche active d’imperfections naturelles propres aux marchés obligataires, entre identification de fenêtres d’achat-vente et arbitrages sectoriels, par émetteurs ou par pays » ajoute-t-il.

Autre stratégie, la constitution de « pièges » à plus-values latentes, grâce à une poche de diversification.

Cette dernière est mise en place via des fonds dédiés avec option de détachement. « Cette stratégie se caractérise par ses vertus décorrelantes, une couverture des risques et le pilotage du bilan, de la plus-value latente aux produits financiers ».

Ces stratégies se traduisent par une approche un peu plus tactique qu’auparavant au sein de portefeuilles gérés sous contraintes assurantielles. « Les structures de gouvernance des assureurs vont peu à peu s’adapter à ces mutations très concrètes en termes de gestion. Une redéfinition des mandats confiés aux asset-managers, en faveur d’un cadre permettant un peu plus d’agilité pourrait s’opérer dans les années à venir » conclut Alexandre Piazza.

Next Finance , Décembre 2016

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